J’ai vécu près de chez vous … Qui suis-je?(5)
Écrit par Brigitte SOUGAKOFF le 15 octobre 2020
Née le 9 juin 1930 au 6 rue Brochant dans le 17e arrondissement de Paris, j’ai passé mes premières années dans ce quartier des Batignolles, avec mes parents et ma grand-mère maternelle Hava Poustilnikov.
Bien avant que la guerre n’éclate, ma jeunesse est marquée par des déménagements successifs. De la rue Nollet à Paris en 1931 au 6 boulevard Gaston Crémieux à Marseille en 1937, ceux-ci redoubleront sous l’Occupation nazi.
En 1946 nous nous installons au 50 rue Vitruve dans le 20ème arrondissement de Paris. J’ai alors 16 ans et cet été est assombri par la mort de ma grand-mère qui comptait beaucoup pour moi.
Peu attirée par les études, je rêve de devenir pianiste, rêve brisé en 1944 à cause d’un kyste ayant obligé les médecins à sectionner les tendons de ma main droite. Mes parents m’offrent alors des cours de chant mais au répertoire classique je prèfère celui de la chanson populaire.
J’arrête les cours en 1948 ayant rencontré l’univers de Piaf. Je prends des cours de solfège et je m’exerce sur un piano qui malheureusement disparaît de l’appartement familial en même temps que mon père.
Contrainte de gagner ma vie, les dix années suivantes sont être synonymes de vache enragée.
Voulant à tout prix concrétiser mon rêve, je quitte Paris en février 1950 et me rend à Bruxelles. Là je trouve de l’aide et commence à chanter dans les cabarets. Mon répertoire est constitué de chansons de Piaf, Oswald, Montero, Gréco. Mais chaque fois le public me siffle copieusement.
Puis je rencontre Jacques Brel qui, comme moi, tente de percer et avec qui je vais me lier d’une très grande amitié discrète mais indéfectible.
Fin des années 50, poussée par mon ami, je commence à écrire. Remarquée et engagée par Pathé-Marconi j’enregistre mon premier super 45 tours avec deux de mes propes chansons : « J’ai troqué » et « j’ai tué l’amour ».
En interprétant Brassens, Ferré et Brel à l’Ecluse : »J’étais face au mur et, très myope, je ne voyais pas les gens mais je les entendais dire : Ah, qu’elle est laide! »
Je suis enfin révélée au grand public en première partie de Georges Brassens en décembre 64.
Fin 72, mes amis découvrent une maison à vendre à 30km à L’Est de Paris. Je la visite et tombe immédiatement sous le charme. A l’angle de la grand rue et de la rue de Verdun se dresse un ensemble de quatre corps de bâtiments couverts de glycines.
Entouré des épais murs de pierre, je vais vivre au calme. Je sors rarement dans les rues du village. De temps en temps, je fais quelques pas le long du canal ou je me rends à la buvette sur les bords de la Marne. Tous les Noëls, mon grand plaisir est d’offrir des cadeaux aux enfants du village.
La même année, la chanteuse débutante Catherine Lara m’écrit deux titres. Puis c’est William Sheller qui orchestre mon album « La Louve ». Un des titres est un immense succès et est diffusé par toutes les radios françaises.
J’ai continué de mener une vie itinérante jusqu’en 1977 puis le 28 octobre, c’est la générale du célèbre récital de Pantin…
25 représentations sans relâche du 28 octobre au 21 novembre 1981 devant une salle complète de deux milles personnes chaque soir. C’est un triomphe. Des barrières sont installées devant la scène pour empêcher les spectateurs de l’envahir.
Réfugiée dans ma maison de Précy-sur-Marne, je commence alors à écrire mes mémoires.
En dépit d’une immense discrétion, je reste très proche de la vie du monde et m’investit dans de nombreuses causes. Jusqu’au bout, je soutiendrai ardemment l’action de l’association de lutte contre le sida Act-Up à qui j’ai cédé, en 96, la totalité des droits de la chanson « Le Couloir ».
« Dans le couloir, Il y a des ailes : L’Aile Sud, L’Aile Nord, L’Aile qui va de l’Est en Ouest. Dans le couloir, Il y a des anges. Qui se déplient, »
Je me consacre également au sort des détenus dans les prisons que je visite régulièrement et ouvre même une ligne téléphonique confidentielle pour répondre aux personnes en détresse de jour comme de nuit.
Qui Suis-je ?
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