Histoire de nos villages : Etrépilly

Écrit par le 4 mai 2021

Connaissez-vous un Sterpilaciens ou une Sterpilacienne ? Si tel est le cas, vous savez alors que ce sont des habitants d’Etrépilly, petit village situé au nord de Meaux.

Il y a de cela quelques années en arrière, lorsque les romains arrivèrent, ils trouvèrent un pays déjà dépouillé de ses hautes futaies avec une population déjà existantes. Ils accentuèrent le défrichement des souches restantes d’où l’appellation latine du lieu  Sterpiliacum » , Stirps signifant « souche », levant jusqu’aux souches, soit à l’époque « extirper »,  et le village devient Estrepeliacum, puis Etrepilli-en-Multien, et Estrepilly.

En 52 av JC, la Gaule est définitivement conquise par l’empereur romain Jules César profitant également des arts et des techniques avancées des Romains. En 1889, l’abbé Bonno, curé d’etrepilly mène une fouille au lieu dit Mondrival et met au jour une nécropole composée de onze sépultures parallèles, orientées est-ouest et réparties sur deux rangées.

De belles pièces furent exhumées, notamment en céramique sigillée.

En 1425, les comptes du temporel de l’evâché de Meaux fait état du délabrement d’Etrepilly pillé, comme tant d’autres villagess, par les anglais.

Puis en mille ans, les paysages du Pays de l’Ourcq vont progressivement évoluer avec le défrichement de larges espaces tant sur sa partie briarde (Cocherel, Jaignes, Tancrou) que sur les coteaux et la plaine du Multien. Le territoire s’organise en seigneuries qui relèvent de familles ou d’abbayes parfois très puissantes.

Henri de Longvilliers  possédait la terre de Longvilliers, comprenant une ferme avec 102 arpents.  qui ne constituait pas un fief proprement dit, car son possesseur figurait parmi les censitaires de l évêque de Meaux en 1778. (Censitaire: celui qui payait cens et rente). Toutefois, il prit le titre de seigneur de Longvilliers au XVIIème siècle. Il faut dire qu’il fut capitaine et lieutenant du Royaume au Canada. En 1667, il cède une partie de ses possessions au Chapitre de Meaux, l’époux de sa fille ,seigneur de Chambry, marquis d Avernes, comte d Orbec, vendit le reste en 1701 à ce même Chapitre.

Le fief de Brumay fut lui vendu en 1644 pour éponger une partie des dettes de Marie de Médicis pour son château de Monceaux-lès-Meaux.

Le seigneur du fief de Maulny (= aujourd’hui val de l’école) avait droit de haute, moyenne et basse justice devant la porte de sa maison.

Les nefs latérales de l’église abritent toujours les tombes d’Henri de Longvilliers de Poincy, seigneur de Longvilliers, et de Christophe de Paris, seigneur de Mondrival.


Etrépilly, comme Germigny, Varredes et Villenoy faisait partie des quatre filles de l’Evéché. L’Evêque de Meaux en était donc le Seigneur  et les Sterpilaciens étaient redevable de la taille ( son montant est fixé arbitrairement en fonction des besoins seigneuriaux et des capacités de la population, d’où la plainte des assujettis d’être « taillables et corvéables à merci), de la corvée ( travail obligatoire, effectué gratuitement sur le domaine du seigneur) de tous les animaux attelés plusieurs jours par an. De plus, Tout cheval attelé doit conduire à Meaux 3 setiers de blé et tout foyer doit une journée de travail dans le clos de l’évêque, propriétaire de la ferme de l’Evéché qui comprenait 178 arpents de terrre. Etrépilly devaient en plus chaque année un diner à l’évêque.


La Thérouanne, anciennement nommée la Tresme faisait tourner 8 moulins dont 2 à Etrépilly. Inutile de confirmer à qui appartenait ces deux moulins ! Nul ne peut avoir de four ni de moulin dans le village si ce n’est l’évêque et tous les habitants sont tenus d’aller au four et moulin lui appartenant.

En 1880 3 fermes sont exploitées par des propiétaires. Les 22 autres par des fermiers avec bail. A la lecture de baux retrouvés aux Archives Départementales, il est intéressant de noter qu’en bénéficiaient, la plupart du temps, des couples : les épouses étaient parties prenantes, et ainsi, lorsque leur époux décédait, la veuve poursuivait l’exploitation et avait droit au renouvellement du bail.

Sur le plus ancien bail trouvé, le fermage en est fixé à 14 muids de grain : Le muid d’avoine contenait un peu plus de 3,7 m3. Il faisait le double du muid de blé, bien que tous deux continssent 12 setiers ; mais le setier d’avoine faisait 24 boisseaux (avec 24 mines par muid, 2 minots par mine et 6 boisseaux par minot), alors que celui de blé n’en contenait que 12. Chaque boisseau faisait 4 picotins, chaque picotin mesurait 2 demi-quarts ou 4 litrons….Facile non ?

Au bas bail renouvelé en 1675 et en 1682 à Claude Beufve et sa femme Geneviève Berly apparaît la signature d un des évêques de Meaux le plus connu : Jacques Bénigne Bossuet . Ce dernier avait nommé sur place un procureur fiscal chargé de la police. Il y fit même prêché Fenelon en juin 1685 pour admonester la population sur l’habitude de passer le dimanche au jeu de cartes et au cabaret.

Mais l’histoire d’Etrepilly ne tourne pas qu’autour de ses fermes.

Le Rapport de l’ingénieur en chef du canal de l’Ourcq à l’assemblée des ponts et chaussées fait état de la remise en activité des carrières de Changy et Etrepilly  pour la réalisation  des ouvrages d’art, ces carrières ayant déjà été exploitées pour la construction du pont de Trilport. C’est avec cette pierre de taille que seront construits tous les ponts du canal.

L’industrie n’est pas en reste sur la commune. Le sieur Couttelet, serrurier-Forgeron était renommé pour la fabrication de double charrues de fer nommées brabants. Ces charrues sont les seules en usage dans les départements de Seine et Marne, Aisne et Oise et commencent à l’époque à se répandre dans le centre de la France .. la charrue de bois étant encore majoritairement utilisée.  Etrépilly berceau de la charrue ???

Et n’oublions pas  le célèbre Alexandre Fichet qui débute comme simple ouvrier dans la serrurerie  d’Etrépilly pour finir comme inventeur et fabriquant des fameux coffres forts Fichet. il décèdera le 31 aout 1862 dans sa propriété d’Etrépilly , le manoir de Longvilliers, acheté en 1830 et ou sa famille restera jusqu’en 1908.

A cette époque on dénombre à Etrepilly 1 boulanger, 1 boucher 1 épicier 1 debit de tabac, 1 tailleur, 1 marchand de vin en gros, 2 maréchaux ferrants, 2 charrons, 2 ateliers travaillant le fer et 2 autres travaillant le bois.

Un bureau de poste fut créér en 1876 et le télégraphe installé quelques années après . Un courrier à cheval apportait les dépêches de Meaux.

Si vos pas vous guident au Nord de Meaux, remontez le temps en passant par le chemin de fontaine dont le nom est certainement du aux deux couvents installés à Fontaine-les-Nonnes avant la révolution de 1789 ou  la rue de Charron. Les rues de Breuil et du Gué à Tresmes se nommaient déjà ainsi depuis au moins 1835. En prenant la rue du pont des planches nommée ainsi depuis fort longtemps  vous pourrez traverser la Thérouanne en empruntant le pont, reconstruit depuis, qui était en planches avant 1842, date probable de sa reconstruction. De l’autre côté du pont, les saules laissent apercevoir l’ancien moulin du pont des planches.


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