Histoire de nos village: Trilport
Écrit par Brigitte SOUGAKOFF le 10 février 2021
Des fouilles permettent d’attester que le lieu est occupé depuis le Néolithique, puis, comme toute notre région, Trilport a été occupée par une tribu gauloise, les Meldes, qui fonderont Meaux et par la suite par les Romains.
Trilport est mentionné sous les formes Tria portus, Trie le Port, Try le Port ou Trit le Port. Tri étant une altération du mot trajectum qui veut dire « traversée, passage » en latin.
Durant l’époque gallo-romaine, au moins un gué, permettait de traverser la Marne. Ce gué est mentionné en 991 dans un récit racontant la prise de Melun par Eude de Blois. Ce gué doublé était doublé par un bac, lequel fut remplacé par un solide pont de bois. C’est avec la construction de la grande route d’Allemagne sous Louis XV qu’un pont en pierre sera ouvert le 15 septembre 1765.
Cette possibilité de traverser la Marne, fait depuis toujours de Trilport un lieu de passage très fréquenté. Son intérêt est renforcé par la présence de forêts et de terres propices à l’agriculture qui favorisent la sédentarisation des premiers habitants. Ces gués et ponts joueront un rôle prépondérant dans l’histoire du village.
Au Moyen Âge, Trilport appartient au roi de France et à l’évêque de Meaux. Les évêques avaient de nombreux droits de juridiction et de monnayage. Le jour de la prise de possession l’évêque était porté depuis la porte extérieure de la ville jusqu’à la Cathédrale par 4 vassaux de son église.
De par son emplacement et surtout la possibilité de traverser la Marne, Trilport a payé un fort tribu en pertes humaines tout au long des guerres successives.
Trilport fut fortement touchée par la Jacquerie, les famines et les pillages de la guerre de Cent Ans avant de retrouver un peu de calme lors de la Renaissance. La région connaît alors une période de prospérité que viendront troubler la Révolution puis les invasions venues de l’Est lors des multiples conflits des XVIIIe, XIXe et XXe siècles
Trilport est placée sur la Route royale n°3, créée par Louis XV, qui relie Paris à Metz et à Mayence. Elle constitue un site stratégique vers l’Allemagne et un nœud de communication important (fluvial, ferré, routier) de l’est-francilien. Le développement du bourg sera principalement lié à l’agriculture (céréales, élevage, viticulture…), à l’artisanat de complément (forge, maréchalerie, bourrellerie, maçonnerie) et aux activités fluviales (flottage de bois, batellerie, moulins et lavoirs).
Mais revenons non pas à nos moutons mais à nos ponts …
La bataille de France.
En 1814, lors de la Bataille de France, le maréchal Mac Donald qui commande l’aile gauche de l’armée napoléonienne , fait sauter le pont de Trilport dans la nuit du 9 au 10 février 1814 pour stopper la progression des russes. Le bulletin du 12 février1814 retransmet un courrier envoyé à la Régente :
A Sa Majesté l’Impératrice-reine et régente. Le 10, l’empereur avait son quartier-général à Sézanne. Le duc de Tarente ( Etienne Mac Donald) était à Meaux, ayant fait couper les ponts de la Ferté et de Tréport…..
Le 15 septembre 1822 on décide de reconstruire un pont …..à péage. La première pierre est posée en juin 1830 et le pont est ouvert le 12 mai 1831. Le concessionnaire Aubineau verse pour les pauvres de Trilport, les péages encaissés . Le droit de péage s’élevait à 4 francs par charrette, 18 deniers par homme et cheval et 6 deniers pour une personne seule.
Le 2 septembre 1849 Louis Napoléon Bonaparte inaugure la ligne de chemin de fer de Paris à Epernay.. La gare de Trilport connut une grande animation aussi bien avec les marchandises qu’avec les voyageurs des villages alentour. En 1900, la commune compte 1 000 habitants et il faut dix minutes pour parcourir les 7 km qui permettent de rejoindre la gare de Meaux en chemin de fer.
L’ouverture du chemin de fer fait baisser les recettes du péage du pont. Le 17 aout 1863, se rendant au camp de Chalons par le train, l’Empereur Napoléon III s’arrête à Trilport (plaque commémoratif à la mairie) pour annoncer que le péage a été supprimé par décret du 28/1/1863 autorisant le rachat du péage par l’Etat.
Guerre de 1870
Lors du repli des troupes impériales vers Paris, le génie militaire français fait sauter la première arche coté Trilport du pont routier le 7 septembre 1870. Puis le pont du chemin de fer. Ils seront très vite reconstruits pendant le siège de Paris.
En 1914, bataille de la Marne
En septembre 1914, pour ralentir, une fois de plus, l’avancée des troupes allemandes, les alliés font sauter le 4 septembre 1914 tous les ponts sur la Marne.
Le génie anglais dynamite une arche du pont de Trilport le 3 septembre. Dans la nuit du 5, une voiture de reconnaissance allemande traverse Trilport abandonné, et… tombe dans la Marne. Les 2 officiers qui l’occupaient furent tués sur le coup.
On ne peut évoquer Trilport sans parler de Gustave de Ponton d’Amécourt maire de Trilport de 1855 à 1876. Il fit breveter en France et en Angleterre un hélicoptère à vapeur qui n’existera jamais. Il était également lié à Jules Verne, qui se serait inspiré de ses travaux pour l’Albatros, le navire hélicoptère de Robur-le-conquérant. Jules Verne cite d’ailleurs Ponton d’Amécourt dans cet ouvrage, en tête d’une liste des « partisans de l’aviation » auxquels il rend un hommage appuyé. Une stèle commémorative est érigée dans le parc de son château – dont il ne reste que le pigeonnier et le portail d’entrée principal – devenu parc municipal. Le château entré dans un état de délabrement avancé a été démoli en 1979.
L’Hélicoptère n’est pas la seule contribution de Trilport à l’aviation.
Ce vendredi 5 novembre 1909,en effet, , c’est un aérostat construit par les ateliers Astra pour le gouvernement espagnol qui fait l’actualité aéronautique, à savoir le dirigeable baptisé Espana qui doit effectuer un vol d’essai de 10 heures, dont une partie en nocturne.
Cet aérostat est « garé » dans un immense hangar sur la rive en face de trilport. Il survolera Meaux, Trilport et Beauval avant de faire un atterrissage forcé pour cause d’hélice défaillante.
L’usine oxhydrique sur la même berge servait à alimenter l’aérostat en hydrogène.
En 1936 La commune fut une destination touristique très prisée au moment du Front populaire avec l’apparition des congés payés. Sa plage était dit-on réputée. Juste avant le pont sur la Marne se tenait un immense établissement balnéaire avec jeux, piscine et son grand toboggan.
La plage restera ouverte deux ans après celle de Meaux, fermée pour cause de pollution.
Mais les heures sombres reviennent avec la guerre de 39-44.
Lors de la débâcle en juin 1940, les troupes françaises font une fois de plus sauter le pont routier. Il fut reconstruit sous l’occupation car la N3 était d’une importance stratégique pour les occupants.
Il sera épargné à la libération même s’il fut miné par les allemands.
Les trilpotais et trilportaises sont plutôt d’accord pour convenir que Trilport est une petite ville ou il fait plutôt bon vivre malgré la N3 qui traverse la ville et apporte les nuisances associées à un trafic de plus en plus dense et le problèmes rencontré sur la ligne P qui relie Paris …Mais Trilport n’est pas la seule à en souffrir.
Maurice SOTTEAU On 10 février 2021 à 15 h 32 min
Merci beaucoup pour ce récit sur l’histoire de Trilport, je la connais un peu étant collectionneur des cartes postales de la ville.
Armand Gomis On 10 février 2021 à 20 h 35 min
on apprend un tas d’anecdotes intéressantes Merci